LES FLEURS DU MÂLE
En vidant l’eau des fleurs du vase aux amours mortes,
Devenues incolores, inertes et desséchées,
Usées par l’érosion de tous les verbes aimer,
Je tressaille, submergé d’une émotion trop forte.
Par les chemins d’amours menant à mes campagnes,
Ces instants me conduisent vers le pré de ma vie,
Endroit où j’ai cueilli ces gerbes de rêveries,
Effluves envoûtantes, bouquet de mes compagnes.
Qu’il est dur de pleurer dans de morts pâturages,
Qu’il est doux de penser qu’avant d’être fourrage,
Ces bourgeons amoureux à la force infinie,
Ont posé en mon cœur de purs et divins fruits.
Reposent en mon pré fauve toutes les mortes tiges,
Fossiles à l’eau forte gravés en ma mémoire,
Car une pousse verte germant en mon histoire,
Annonce la floraison d’un délicieux vertige.