L’ARC-EN-FRERE
Le soleil se leva pour la première fois,
Si bien que notre terre du sommeil s’éveilla.
Du cocon de la nuit jaillirent quatre maigres hères,
Avides de chaleur, de vie et de lumière.
Striés de veines rouges, leurs corps frêles et diaphanes
Etaient couverts d’un mince derme de cellophane.
Le soleil les voyant si fort grelotter,
Décida de mettre fin à leur fragilité.
Comme il était le père de tous les coloris,
Il mit quatre crayons dans une goutte de pluie.
Tel un elfe gracile, la goutte s’élança,
Puis vapeur volatile, les crayons libéra.
De gribouillis rapides, les mines colorièrent,
D’une teinte différente, une peau sur chaque chair.
Ils furent ainsi vêtus de l’habit nécessaire,
Qui les fit résister au grand hiver polaire.
Le soleil les dota de pigments différents,
Pour qu’ils se reconnaissent dans cet univers blanc.
La couleur du premier, plus sombre que l’airain,
Lui valut d’être nommé, par les autres, l’Africain.
Le deuxième, teint cuivré comme un jour qui s’éteint,
S’était vu attribuer l’appellation d’Indien.
Le troisième tout peaussé d’un ton jade nitrique,
Fut ainsi qualifié du terme d’Asiatique.
L’apparence du dernier était blanc opalin.
Les autres lui donnèrent le nom de Caucasien.
Pour fêter le soleil les ayant réchauffés,
Il se prirent par la main et se mirent à danser.
Pris de rires et de joie et ivres de bonheur,
Ils étaient devenus frères de la première heure.
Ils se mirent à tourner à une vitesse telle,
Que la ronde qu’ils formaient s’irisa de pastels.
Africain, Asiatique, Indien ou Caucasien,
Si tu penses vraiment que nous ne formons qu’un,
Tu peux apercevoir en baissant les paupières,
Au-delà des frontières, bien plus haut que la terre,
Très loin dans l’univers, à des années-lumière,
La lueur éclatante d’un amour d’ARC-EN-FRERE.